Notes
S. Smith & Son The leading London firm for high quality and complicated watches at the end of the 19th Century and during the opening decades of the 20th, was founded by Samuel Smith, jeweler and watchmaker, c. 1851. Watches were made for him by Nicole Nielsen. Alongside the wide range of civilian watches and clocks, Smith's also made chronometers which performed well and made the firm a supplier to the Admiralty. Under the guidance of Herbert S.A. Smith, the firm developed into a large manufacturing company with its own research laboratories, the family succession being continued a further generation by Sir Alan Herbert Smith, with the company going on to make automobile and aircraft instruments alongside clocks and watches. At the end of the 19th and beginning of the 20th century, a period of general decline for British horology, a few British watchmakers created magnificent, ultra-complicated watches, as if to say to the world "look, we are still the best". Some were made in collaboration with the best Swiss watch companies. These watchmakers were three from London: Charles Frodsham, Edward John Dent, and Samuel Smith, and one from Coventry: J. W. Player.
La Smith & Son ; une montre de poche dotée de neuf complications horlogères
S. Smith & Son, Londres, réalisé par Louis Audemars & Cie, Le Brassus (vallée de Joux), No 12 886, vers 1885-1895
Montre de poche, de type savonnette (ouverture du couvercle par pression sur le pendant), à remontage au pendant et mise à l'heure à poussette (à gauche du pendant), dotée du temps moyen (heures et minutes concentriques) et des neuf complications horlogères suivantes :
- Répétition à minutes sur deux timbres (déclenchement par la glissière placée sur la carrure du boîtier, à droite du pendant)
- Secondes mortes indépendantes (graduation extérieure avec aiguille centrale ; déclenchement par le poussoir rectangulaire placé sur la lunette du boîtier, à 12 heures)
- Double barillet à remontage différentiel
- Quantième perpétuel traînant
- Date du mois (cadran subsidiaire à 3 heures)
- Jour de la semaine (cadran subsidiaire à 9 heures ; indications en anglais)
- Mois de l'année (cadran subsidiaire à 12 heures ; indications en anglais)
- Cycle de quatre ans des années bissextiles (cadran subsidiaire à 12 heures)
- Age et phases de la lune (cadran subsidiaire, gradué de 0 à 29 ½, et ouverture à 6 heures)
Boîtier en or jaune, de forme ronde, bassine et filets ; couvercle et fond ornés d'une peinture sur émail sur or et émail translucide sur fond guilloché, représentant, sur le couvercle, un jeune couple d'amoureux dans le goût du XVIIIe siècle (le garçon libérant une colombe auparavant enfermée dans une cage, symbole de la perte de virginité de la damoiselle), et, sur le fond, décoré en suite, un bouquet de roses ; lunettes serties de demi-perles ; carrure décorée d'une frise en émail bleu ; cuvette en or poli ; protège mouvement en or clipé et vitré
Cadran en émail blanc, avec chiffres romains rayonnants, peints de couleur noire
Aiguilles " Poire " en acier bleui ; aiguille équilibrée de la seconde morte en acier bleui ; index des quantièmes en acier bleui
Mouvement en laiton doré, 19''', calibre ¾ de platine façon anglaise, grandement empierré, deux barillets, deux trains de rouage, échappement à ancre latéral, balancier compensé avec vis de réglage en or et spiral en acier bleui avec courbe terminale, raquette de réglage en acier poli (18 000 alternances / heure), mécanisme de remontage avec encliquetage Breguet
Dimensions
H. …,… mm / Ø 54 mm / Ep. …,… mm
Signature/s et marque/s
Boîtier : intérieur du couvercle, " 86 " ; intérieur du fond " 12886 " ; les deux insculptés du poinçon " M . F " dans un ovale horizontal (Meylan Frères, Le Brassus, vallée de Joux, monteurs de boîtes)
Cuvette : extérieur " S. Smith & Son / Watchmakers / 9 Strand / London " ; intérieur " 12886 "
Mouvement : sur la platine de base, côté cadrature " 12886 "
Certificat/s
Accompagné d'un Certificat des Archives Louis Audemars, daté de mai 2018.
Etat de conservation
Boîtier : sur le fond, restauration dans l'émail translucide d'environ 2 à 3 mm2, à 2 heures.
Cadran : un fêle, à 8 heures.
Mouvement : le poussoir de déclenchement (marche / arrêt) du mécanisme de secondes mortes indépendantes est légèrement endommagé, du moins sa partie en or.
Commentaires historiques et techniques
Notre montre est issue de la fabrication de deux sociétés différentes de la vallée de Joux qui se sont succédées en 1885.
Le mouvement No 12 886, vient des ateliers de la maison Louis Audemars du Brassus, fondée en 1811 par Louis-Benjamin Audemars (1782-1833). Il entre dans les Livres de fabrication de cette maison le 21 juillet 1879. Il est présent à l'inventaire du 30 juin 1880 pour une valeur de 331 francs (avec comme mention que l'échappement est mis en place mais pas encore le mécanisme de remontage). On retrouve ce mouvement dans divers papiers de l'entreprise, entre les années 1880 et 1885, date de la faillite de la compagnie (27 juin 1885).
Juste avant ce triste événement, le mouvement est vendu le 7 avril 1885 à Louis-Benjamin Audemars-Valette (1850-1933), l'un des petits-fils du fondateur, avec de nombreux autres mouvements ; il est alors payé 460 francs.
En fait, durant les deux ou trois ans qui précèdent la fin de la maison Louis Audemars, les petits-fils du fondateur achètent diverses pièces (ébauches, mouvements plus ou moins achevés, etc.), en vue de les finir eux-mêmes, d'un côté pour vivre, de l'autre, pour renflouer la compagnie mais en vain.
Après cet échec familial, Louis-Benjamin Audemars-Valette crée sa propre maison, " Louis Audemars & Cie ", qui sera active jusqu'en 1909.
Vers 1885-1895, le mouvement de cette montre est donc terminé, doté d'un cadran et richement emboîté, à la dernière mode, par la maison Meylan Frères du Brassus (qui travaille depuis des années avec les Audemars). Il est alors vendu ou consigné à la maison S. Smith & Son de Londres.
Une montre (No 13 114, Grande et Petite Sonnerie sur trois marteaux) est emboitée avec ce même genre de luxueux boitier. Elle est aujourd'hui conservée au Musée Audemars Piguet du Brassus et est illustrée dans l'ouvrage de Hartmut Zantke (No 111, pp. 433-435).
Ce genre de montres, dotées de nombreuses complications horlogères et richement décorées, sont à cette époque souvent destinées aux marchés d'exportation, comme l'Amérique du Sud, la Russie, le Moyen-Orient, les Indes ou la Chine (où les sertis de demi-perles sont très appréciés).
La montre est dotée d'un quantième perpétuel avec affichage des années bissextiles, soit avec l'indication de la durée exacte de chaque mois pour les 48 mois du cycle dont le 29 février tous les quatre ans, qui est conçu et développé dès 1860 par Charles-Henri Audemars (1826-1906), le plus jeune fils du fondateur de la manufacture horlogère.
Il remplace alors avantageusement les montres de poche avec quantième perpétuel rétrograde (plus délicates d'usage et plus onéreuses en coût de fabrication) - dont Eugène-Constant LeCoultre (1819-1882) s'est fait une spécialité à Genève - et s'impose peu à peu dans toute l'industrie horlogère.
Ce nouveau mécanisme de quantième perpétuel est longuement décrit et illustré dans le Journal Suisse d'Horlogerie de juillet 1885, permettant ainsi à tous les horlogers d'en construire de pareil.
Ce système qui est à dit traînant est ensuite amélioré avec l'invention en 1889 du saut instantané et simultané des disques des quantièmes par la manufacture genevoise Patek, Philippe & Cie (brevet suisse d'invention No 1 018, du 23 mai 1889).
Nous remercions M. Paul Audemars de Somerton (Somerset, Grande-Bretagne), de nous avoir aimablement communiqué certaines de ces informations.
S. Smith & Son
Samuel Smith (v.1826-1875), un orfèvre, fonde à Londres, en 1851 (149/151 Newington Causeway), une entreprise qui deviendra le leader des ventes de montres à complications horlogères de grande qualité à la fin du XIXe siècle et pendant les premières décennies du XXe siècle.
Après l'ouverture d'un deuxième magasin en 1871 (orfèvrerie et horlogerie), Samuel Smith Junior (1850-1920) ouvre un nouveau magasin à Londres sur le Strand (No 9) en 1873, suivi d'autres à Piccadilly et Trafalgar Square.
Des ateliers suisses, comme ceux de Nicole Nielsen (installé à Londres), de Louis Audemars ou de Louis-Elisée Piguet de la vallée de Joux (canton de Vaud), réalisent pour lui de nombreuses montres " ultra compliquées ". Ces pièces d'exception sont souvent destinées aux marchés d'exportation ; l'Empire britannique rayonnant sur le monde entier. Dans ce type de commerce, la société S. Smith connaît la concurrence, à Londres, des maisons Charles Frodsham et Edward John Dent, et, à Coventry, de celle de J. W. Player.
En plus d'un large éventail de montres et horloges, dites civiles, Smith fabrique également des chronomètres de marine qui obtiennent à l'usage en mer d'excellents résultats et font de l'entreprise un fournisseur de l'Amirauté (1898). L'entreprise devient une manufacture avec ses propres laboratoires de recherche.
La saga familiale se poursuivie avec Allan Gordon Smith (1881-1951), qui développe avec succès, en plus de l'horlogerie, la fabrication d'instruments pour les automobiles et les avions (débutée dès 1904), sous le non de Smiths.
Bibliographie
https://www.gracesguide.co.uk/Samuel_Smith,_Senior
https://www.gracesguide.co.uk/Samuel_Smith,_Junior
https://www.gracesguide.co.uk/S._Smith_and_Son
https://www.gracesguide.co.uk/Smiths
https://www.gracesguide.co.uk/S._Smith_and_Sons_(Motor_Accessories)
https://www.gracesguide.co.uk/S._Smith_and_Sons_(England)
https://www.gracesguide.co.uk/Smiths_English_Clocks